Dimanche soir, j’insistais lors de ma précédente séance en direct sur l’absence de publications économiques majeures en ce début de semaine. Et donc, sur l’importance que peut prendre la moindre information contextuelle, d’autant que les volumes boursiers restent faibles en cette fin de trêve estivale. Dans ce contexte particulier, les investisseurs semblent se focaliser uniquement depuis hier soir sur les déclarations-choc de Donald Trump. Le contexte turc, largement développé ces derniers jours, semble éclipsé pour le moment par l’interview accordée par le Président américain à Reuters. Si l’objectif était d’affaiblir à court terme le dollar américain pour contrebalancer son récent renforcement, la mission est accomplie. Je vous propose de faire le point via cet article sur ce qui me semble être les trois axes majeurs de cette interview.
La politique monétaire (FED)
La banque centrale américaine a pour projet de poursuivre le relèvement de ses taux jusqu’en 2020. C’est l’un de ses engagements, bien connus des investisseurs. Traditionnellement, la Fed ne considère les conséquences de sa politique que sur le front intérieur. Autrement dit, l’impact de ses actions sur d’autres pays n’est pas examiné par les banquiers centraux américains… sauf s’il risque d’affaiblir l’économie nationale. Or, la récente baisse de la livre turque et le ralentissement de la croissance en Europe pourraient forcer la réserve fédérale à ne pas relever ses taux d’ici la fin de l’année. Hier, le président de la Fed d’Atlanta (Raphael Bostic) déclarait : “La situation turque est significative. La chute de la livre et la dévaluation ont été rapides et la rapidité de ces mouvements a pris beaucoup de monde par surprise, y compris nous”. La Turquie, comme de nombreux autres pays émergents (Inde, Argentine, Chine, Russie, Iran, Afrique du Sud, Chili …) sont très fortement endettés en dollars américains. La hausse des taux de la Fed pèse donc d’une année à l’autre sur ces pays, dans la mesure où leur endettement devient de plus en plus lourd à assumer.
A cela s’ajoute la hausse ainsi provoquée du dollar, augmentant le prix des produits américains à l’exportation. Depuis avril, le billet vert a progressé de 6% face à un panier de devises de référence, dont l’euro. Plus largement, cette situation complique le projet de Trump visant à réduire le déficit commercial américain puisque les exportations du pays deviennent de plus en plus chères par la hausse des taux d’intérêt et du dollar. Les tensions augmentent petit à petit et pèsent sur les choix de la Fed. Voilà pour le petit résumé du contexte. Ces dernières heures, les investisseurs ont naturellement relevé les déclarations-choc de Trump, face à cette situation. L’intéressé a déclaré “Je ne suis pas emballé par le relèvement taux d’intérêt (de la Fed), non, je suis pas emballé”. Il a également accusé (à nouveau), la Chine et l’Europe de manipuler leurs devises respectives. Concrètement, la Fed est l’une des rares grandes banques centrales à normaliser sa politique en augmentant ses taux et en cherchant à réduire son bilan. Via ses critiques contre la réserve fédérale, Trump souhaite qu’elle redevienne plus accommodante. En témoigne cette autre phrase : “Nous négocions de manière forte et énergique avec d’autres nations. Nous allons en sortir vainqueurs. Mais, pendant cette période je devrais être soutenu par la Fed. Les autres pays ont une politique monétaire accommodante.” Malgré tout, la réserve fédérale est indépendante. Et bien que son président Jérôme Powell fut nommé par Donald Trump (il est en fonction depuis février 2018), elle ne devrait suivre ce conseil que dans le cas où les conséquences de sa politique à l’international risqueraient de pénaliser l’économie américaine. En particulier en cas de contagion de la crise turque à d’autres marchés émergents et/ou si l’Europe voit sa situation économique s’aggraver dans les prochaines semaines. Conséquence immédiate : la baisse du dollar a été assez importante ces dernières heures, propulsant EURUSD au-dessus du seuil symbolique des 1,1500$.
La guerre commerciale USA/Chine
Parallèlement, les investisseurs s’attendent à ce que les négociations entre la Chine et les Etats-Unis autour du dossier majeur de la guerre commerciale évoluent favorablement dans les prochains jours. D’où le rebond des indices occidentaux ce mardi. Les détails concrets sont désormais connus, suite à ma séance de dimanche soir. Ce qui va suivre est tout aussi important que le précédent sujet mais s’attarde plus sur le cas des indices boursiers que d’EURUSD. Le vice-ministre chinois du commerce (Wang Shouwen) et sa délégation vont rencontrer le sous-secrétaire américain au Trésor en charge des affaires internationales (David Malpass), mercredi et jeudi. Et ce, alors qu’une nouvelle vague de hausse des frais douaniers visant pour 200 milliards de dollars d’importations chinoises vers les Etats-Unis doit être validée en même temps ! Pour rappel, la Chine a jusqu’à présent répondu coup pour coup aux attaques américaines sur le front douanier. Certaines sources évoquent même une rencontre entre les Présidents chinois et américain, en novembre prochain. Ces quelques informations semblent pour l’heure satisfaire les investisseurs.
Et pourtant … c’est loin d’être gagné ! Toujours dans son interview à Reuters, Trump a expliqué “ne pas s’attendre à grand-chose quant à la rencontre avec la délégation chinoise” de cette semaine. Or, si elle venait à quitter les Etats-Unis sans nouvelle positive visant à détendre la guerre commerciale entre les deux géants mondiaux, nous devrions assister à une nouvelle baisse des indices occidentaux. A l’image de la situation que nous avions vécue et décryptée ensemble le mois dernier. La situation est clivante car les négociateurs du département du Trésor américain cherchent à avancer sur ce dossier, alors que les équipes du département du Commerce continuent de menacer la Chine. Les deux fronts sont validés par la Maison Blanche laissant pour le moment perplexes bon nombre d’observateurs. Qu’importe, la seule chose qui comptera vraiment sera l’issue de ces négociations à court terme et les conséquences prévisibles de Pékin. On connait la chanson.
Le dossier turc
Je vais être plus concis sur ce troisième sujet car il a été largement développé via mes précédentes analyses et via la première partie de ce mémo. Pour en revenir simplement à l’interview donnée à Reuters, Trump a été extrêmement clair : “aucune concession” ne sera tolérée envers la Turquie, tant que le pasteur Andrew Brunson sera détenu. Plus intéressant encore, les conséquences des sanctions américaines contre la Turquie (et indirectement contre l’Europe) ne “sont pas le problème” de Trump. Au moins, ça a le mérite d’être clair.
EURUSD : représentation en unité de temps D1 (Heikin Ashi)
Point technique :
La trame boursière est donc très chargée et j’ai décidé aujourd’hui de m’intéresser à EURUSD, avant ma séance de ce soir (19h15). Je vous présente ci-dessus une capture d’écran réalisée en D1, donc sur une trame de moyen terme. Les Retracements de Fibonacci ont été placés entre le plus haut du 14 juin et le plus bas du 15 août. Je reviendrai plus en détail ce soir sur le signal haussier qui commence à se former, en représentation Heikin Ashi et en respectant ma stratégie habituelle. Pour l’heure, seule des opérations de Scalping (de 5 à 12 pips) à la hausse m’intéressent sur cette paire de devise, tant qu’elle reste au-dessus de la frontière technique que je vous présentais ces derniers jours sur le niveau psychologique des 1,1500$. Ce dernier est d’ailleurs renforcé par les 38,2% de Retracements de Fibonacci via la représentation que je vous propose ici. Dans tous les cas, je ne traiterai pas la paire entre 1,1565$ et 1,1585$, de sorte à éviter le possible test de la résistance fixée sur les 50,0% de Retracement de Fibonacci. Mais surtout, pour valider ces premières opérations, j’attendrai mercredi après-midi pour rentrer sur le marché. Et ce, de sorte à vérifier que ce rebond se maintient et n’est pas juste un petit sursaut. Je ne trade donc pas EURUSD ce mardi. La SMA(200) est encore largement orientée au-dessus du prix sur les grandes unités de temps (H4 et D1). Autrement dit, je sais que mes opérations à l’achat seront très conservatrices : de faibles amplitudes visées, via de faibles volumes boursiers. Ces derniers seront au moins deux fois inférieurs à ce que j’ai pu faire et surtout vous présenter à la baisse ces dernières séances, lorsque le dossier turc influençait largement EURUSD vers le Sud.
Niveaux techniques en D1 :
- Résistance 2 : 1,1640$
- Résistance 1 : 1,1575$
- Frontière technique : 1,1500$ / 1,1510$
- Support 1 : 1,1430$
- Support 2 : 1,1390$
Pour aller plus loin :
- http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/08/21/20002-20180821ARTFIG00074-donald-trump-critique-la-politique-de-la-fed.php
- https://www.boursier.com/actualites/news/donald-trump-n-attend-pas-de-miracle-des-negociations-avec-la-chine-773157.html
- https://fr.investing.com/news/forex-news/une-salve-de-declarations-de-trump-fait-nettement-chuter-le-dollar-664568
- https://fr.investing.com/news/stock-market-news/la-turquie-et-le-ralentissement-en-europe-risquent-disoler-la-fed-664600
- https://fr.investing.com/news/economy-news/trump-pas-emballe-par-la-remontee-des-taux-de-la-fed-664539
- https://fr.investing.com/news/economy-news/les-negociations-commerciales-chineusa-vontelle-deboucher-sur-un-accord-664573
Article rédigé le mardi 21 août 2018.
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