Corée du Nord, Iran, guerre commerciale menée par Trump… et désormais crise turque ! Un nouveau dossier est en effet à ajouter à notre longue liste récemment développée autour des sources d’inquiétudes pour les investisseurs mondiaux. Vous l’avez vu, la séance de ce vendredi a largement été dominée par la baisse des indices européens et de la devise unique. En cause : les récents développements en Turquie. Au moment de l’écriture de ce mémo, la livre turque perd près de 15% face au dollar américain pour cette seule séance, après un plus bas atteint autour de -20%. Depuis le début de l’année, cette baisse est de près de 40% face au dollar et à l’euro. Plusieurs raisons expliquent ce mouvement de panique sur les marchés.
La Turquie connaît de graves problèmes structurels, en particulier avec son secteur bancaire qui est dans un état calamiteux. L’inflation est très forte dans le pays, autour de 16% sur un an. Le secteur privé voit son endettement global exploser d’une année à l’autre, en particulier en dollar et alors que la Fed remonte petit à petit ses taux comme vous le savez. A cela s’ajoute la passivité de la banque centrale turque qui ne semble pas prendre la mesure de la situation. Mais surtout, ces dernières heures ont été marquées par deux évènements majeurs. Donald Trump a validé d’importantes augmentations des droits de douane sur l’aluminium et l’acier en provenance de Turquie. Respectivement : +20% et +50%. Parallèlement, via le Financial Times la BCE s’est dite inquiète de l’exposition de certaines banques européennes en Turquie. Les principales citées sont la BNP Paribas (France), BBVA (Espagne), UniCrédit (Italie) ou encore Deutsche Bank (Allemagne). Ces établissements sont surveillés de près par le Mécanisme de Surveillance Unique, sous la responsabilité de la BCE.
Malgré l’appel au calme du président Erdogan, les mouvements de panique se sont intensifiés sur les marchés cet après-midi. Ce dernier évoque un complot étranger responsable de la situation et appelle les citoyens du pays à agir autant que possible : “Si vous avez des dollars, des euros ou de l’or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C’est une lutte nationale”. Ce dossier rejoint donc celui de la guerre commerciale menée par Trump, largement évoqué ici. Ce n’est pas une mince affaire … d’autant que la Turquie pourrait être amenée à demander une aide extérieure dans les prochaines semaines pour tenter de régler cette grave crise économique. Pour autant, une demande auprès du FMI ne devrait pas avoir les faveurs d’Erdogan.
Dans les prochains jours, ce “nouveau” sujet sera à surveiller. D’autant que les Etats-Unis semblent avoir délibérément taclé le pays après les évènements de cette semaine. Hier, la livre turque baissait de 5% face au dollar américain suite à l’échec de négociations entre les deux protagonistes. En cause : l’arrestation et la détention d’un pasteur américain en Turquie. Des sanctions réciproques entre Ankara et Washington avaient été provoquées par cet évènement. Tôt ce matin, Donald Trump écrivait notamment sur Twitter : “Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment”. C’est un euphémisme … Ce qui m’intéresse désormais c’est surtout le risque de contagion de cette crise aux banques européennes et à l’euro. Les évènements de ce week-end et du début de semaine prochaine seront déterminants pour analyser si les investisseurs continuent de s’emparer de ce dossier en accentuant la baisse des nos actifs européens. Au-delà du secteur bancaire, les entreprises exportatrices vers la Turquie seraient également violemment sanctionnées. A suivre !
DAX30 : représentation en unité de temps quotidienne (Chandeliers Japonais)
Point technique :
Comme tous les vendredis, je sors mes opérations des marchés indiciels pour éviter le risque de gap d’ouverture du lundi matin. En ce qui concerne le DAX30, je ne placerai pas d’ordres boursiers avant le début de l’après-midi, lundi. Dans ce contexte de plus en plus chargé, et en pleine trêve estivale, je privilégierai uniquement des opérations de Scalping (de 5 à 10 points d’amplitude) à la baisse et sous la frontière technique mise à jour sur les 12 455 points (50,00% de Retracement de Fibonacci de moyen terme). Autrement dit, seulement si les cotations du DAX30 ne reviennent pas au-dessus avant lundi après-midi. Si ce mouvement de panique devait se maintenir en début de semaine, le support majeur le plus proche fixé par les Retracements de Fibonacci est indiqué sur les 12 280 points (61,80%). Nous n’en sommes pas encore là et j’aime rappeler que les investisseurs sont comme des enfants capricieux. Ils passent d’un “jouet” à l’autre très rapidement et pratiquent facilement la politique de l’autruche. Dans tous les cas, je travaillerai de manière très conservatrice (sur mes volumes et objectifs), au moins jusqu’à mercredi soir.
Article rédigé le vendredi 10 août 2018.
Niveaux techniques en D1 :
- Résistance 2 : 12 635
- Résistance 1 : 12 500
- Frontière technique : 12 455
- Support 1 : 12 350
- Support 2 : 12 280
Pour aller plus loin :
- https://investir.lesechos.fr/actions/actualites/la-bce-s-inquiete-de-l-exposition-des-banques-europeennes-a-la-turquie-1785705.php
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/08/10/pourquoi-la-livre-turque-s-effondre_5341365_3234.html
- http://www.france24.com/fr/20180810-turquie-livre-turque-chute-erdogan-trump-acier-aluminium-monnaie
- http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/08/10/20002-20180810ARTFIG00181-la-turquie-au-bord-d-une-crise-monetaire-majeure.php
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